par Layla Archer » 18 Septembre 2018, 02:01
La réponse d'Elisabeth au questionnement d'Izira fut... un conseil de lecture d'un humaniste français du XVIème siècle, le tout dans une certaine théâtralité qui pouvait paraître hautaine ou condescendante, mais la Quarienne ne broncha pas d'un pouce. Après tout, rabaisser son peuple par tout les moyens possibles et imaginables, c'était un peu un sport galactique jusqu'à il n'y a pas si longtemps. Les Quariens apprenaient vite à passer outre, sinon c'était la dépression garantit... D'au autre côté, ça expliquait aussi pourquoi les Quariens n'avaient pas vraiment envie de quitter leur Flotte. Elle se contenta d'un sourire franc, remerciant la Française pour cette invitation à la littérature avant de s'allonger, semblant s'écarter d'elle-même de la conversation dont elle n'était apparemment pas la bienvenue.
Elle activa son OmniTech le temps d'une petite manipulation. Un petit coup d’œil à ce dernier et on pouvait voir que justement, la compagne de Layla, faisait des recherches sur ce fameux "Étienne de La Boétie" avant de tout transférer sur ses lunettes pour un peu de lecture au calme, du moins en apparence. La conversation revint entre les deux Humaines et Elisabeth indiqua qu'elle n'avait pas l'expérience suffisante pour prendre le contrôle d'Oméga. Elle ne voulait pas d'une "passation de pouvoir" brutale et sanglante, mais quelque chose de plus "intime" selon ses mots. Toutefois, ses lacunes en matière de politique faisaient qu'elle recherchait des conseils auprès de personne pouvant les disposer. Pourquoi demander cela à Layla ? Et bien parce qu'apparemment, elle aspirait à diriger une colonie "civilisée" et qu'elle pourrait donc donner quelques conseils et pistes à explorer :
"Et bien... En réalité, je n'aspire pas à diriger une colonie. Olympus est en train de s'installer sur un monde rien qu'à elle, mais je ne suis que l'instigatrice du projet... et la propriétaire des lieux aussi, mais pas la dirigeante. Non pour cela, je laisse la place à des personnes de confiance plus compétente que moi pour administrer tout ça. Donc si j'ai deux conseils à vous donner, ça serait ceux-là : D'abord, apprenez à vous entourer des bonnes personnes. Il faut non seulement des personnes compétentes dans leurs domaines bien sûr, mais aussi loyales, qui ne vous planteront pas un couteau dans le dos à la moindre occasion pour aller voir ailleurs ou parce qu'elles pensent qu'ils feront mieux que vous.
Ensuite, il faut aussi apprendre à écouter ces personnes. La science infuse n'existe pas. Personne ne sait absolument tout. Donc, si vous êtes au pouvoir, même si la décision finale ne dépend que de votre bon plaisir, pesez toujours le pour et le contre en écoutant les avis de personnes qui en savent plus que vous sur un sujet précis. C'est le conseil le plus dur à suivre. Outre le fait que de se faire dire que l'on a tort n'ai jamais agréable, il y aussi cette petite ivresse du pouvoir qui se distille dans tout ça : Quand on est au sommet de la pyramide, on a tendance à se sentir invincible et intouchable, que tout le monde doit rester à sa place, se plier à votre volonté ou subir votre courroux... Mais si vous agissez ainsi, qu'est-ce qui vous rendra différente des autres ?"
Certes, ce n'étaient pas les conseils les plus originaux de l'histoire des conseils, mais ils avaient pour eux le fait de toujours sonner juste, peu importe la situation que ce soit pour la vie quotidienne, créer une entreprise ou faire un coup d'état. Continuant de jouer le jeu, l'Humaine poursuivie d'une manière plus précise concernant la petite idée d'Elisabeth :
"Dans votre cas... J'ai peut-être une idée à vous soumettre. Un peu lente à se mettre en place, mais qui a fait ses preuves : Jouer sur les deux tableaux. D'abord, prouvez à la population que vous valez mieux que les dirigeants en place. Installez-vous dans un district et fondez quelque chose comme une clinique, un foyer d'aide aux plus démunis, un orphelinat, ce genre de structures pour élever le niveau de vie des habitants du coin. Et le plus dur, il faut le faire sincèrement, pas juste une façade pour se donner une bonne image comme presque tout les politiciens.
Au fur et à mesure, les conditions de vie du district vont s'améliorer. Moins de malades, moins de démunis, des enfants suivant des études. Vos actes vont faire parler de vous dans un rayon d'action de plus en plus grand jusqu'à tomber dans l'oreille du Triumvirat. Vue qu'il joue la carte du développement sociale comme l'a soulignée Izira, il pourrait être tenté de vous contactez pour vous proposez un accord ou un partenariat. Et il faut dire oui. Là, vous commencez à jouer sur les deux tableaux et là la partie se complique un peu. Vous continuez sur votre lancée et poursuivez votre activité. Si vous faites ça bien, la population et le Triumvirat vous feront de plus en plus confiance. Les difficultés résideront dans le fait de ne pas attirer les soupçons du Triumvirat sur vous afin qu'il ne se doute de rien et de prendre en compte que certains ne verront pas votre ascension d'un bon œil. À vous de voir comment gérer ces problèmes, mais je conseillerai de faire en sorte qu'on ne remonte pas jusqu'à vous... mais pas trop non plus. Être "au-dessus de tout soupçons" peut être ironiquement suspect si ça vous arrive un peu trop souvent.
Après quelques années. Oui, j'ai dis que ce n'était pas la méthode la plus rapide. Votre influence auprès de la population sera telle que le Triumvirat, pour continuer de bien se faire voir, commencera à vous donnez des responsabilités, persuadés que vous n'êtes au fond "pas si dangereuse que ça pour le trône". Vous continuez de jouer le jeu encore et encore, engrangeant toujours plus de popularité et de responsabilités. Au final, le Triumvirat vous remettra sans s'en rendre compte les clés de la station. Ça sera toujours eux au pouvoir officiellement, mais vous serez l'éminence grise, celle qui tient en réalité les commandes dans l'ombre des dirigeants. Il sera trop tard pour vous destituez ou faire quoique ce soit contre vous, l'image de bienfaiteur du trio volerait en éclat, sans parler que vous aurez la population et les Serres de votre côté à ce moment là. Ils ne passeront pas la nuit s'ils décident de vous "virez". Encore quelques années de plus et à la première occasion ou le trio ferra une erreur, la population scandera votre nom pour les remplacer. Félicitation vous venez d'être désignée nouvelle Reine Pirate d'Oméga sans la moindre effusion de sang et avec toute la station derrière vous !"
Elle termina son monologue, le temps de boire une gorgée de son cocktail. Venait-elle de faire un tuto sur "comment s'emparer d'Oméga" à une parfaite inconnue ? Et bien oui, mais même si c'était vraiment le plan d'Elisabeth, il y avait une énorme différence entre la théorie et la pratique :
"Bon... sur le papier, ce plan est imparable, mais dans la réalité, il sera très très compliqué à mettre en place et vous aurez de la chance si deux étapes arrives à se suivre sans une galaxie de complication. Impossible de savoir exactement comment le Triumvirat, la population ou même les autres gangs de la station vont réagir au fur et à mesure et je doute qu'ils se laisseront faire aussi facilement. Ce sera une partie d'échecs de très longue haleine où il vous faudra prendre constamment la bonne décision au bon moment avec la bonne méthode. D'où le fait d'avoir des personnes compétentes et loyales autour de vous, parce que dans ce jeu là, la moindre erreur sera la dernière que vous ferrez et la mort n'est pas la pire des conséquences... Mais si vous réussissez, vous avez la récompense suprême."
Comme le disait un certain ami avocat : "La politique est le seul domaine où on peut tuer une personne plusieurs fois, sans porter atteinte à sa vie". En plus des procès, diffamations, humiliations et autre manœuvres que l'on peut voir dans les actualités politiques conciliennes, il fallait rajouter le fait qu'on parlait d'Oméga, une zone de non droit. Torture, esclavagisme, atteinte à la vie des proches... que des manières supplémentaires pour supprimer un rival sans pour autant le tuer :
"Oh et une dernière chose. Si vous arrivez au pouvoir avec la méthode que je viens de vous dire. Surtout. Surtout. Continuez d'avoir la population de votre côté en tenant votre parole d'une vie meilleure pour tous. D'une part, en tant que Française, vous devriez savoir mieux que la plupart des gens ce qui arrive aux souverains zélés qui se mettent le peuple à dos et d'autre part, je serais fortement... désappointée. Et s'il y a quelque chose que je n'aime pas, c'est être... désappointée..."
Dit-elle avec un petit sourire qui était tout aussi mystérieux que celui de son interlocutrice. Sérieuse ou pas ? Impossible à dire. À propos, est-ce qu'Olympus avait des vues sur Oméga ? Et bien coup de bol pour Elisabeth si jamais elle décidait de se la jouée Aria, il s'avère que non. Pourtant au départ, c'était envisageable. Après l'attaque de Cerberus, une des idées d'Olympus était d'en profiter pour poser pied sur la station et s'ouvrir un marché que peu de gens osent exploiter. En retour, elle améliorerait la vie des habitants de la station avec des nouvelles installations flambant neuve voir pourquoi pas la remise en état totale de la station. Finalement, l'ascension au pouvoir du Triumvirat qui se donne des airs "proche du peuple", mit cette idée au placard. Pourtant certaines idées étaient aller loin, notamment une simulation d'une Oméga complétement remise à neuve dont les installations n'auraient rien à envier à la Citadelle, servant de port de commerce permettant de dynamiser les Systèmes Terminus autrement qu'à coups de piraterie, trafics illicites et d'esclavagisme. Mais c'était hautement irréaliste au vue de l'instabilité du coin avec tout ces gangs dans et autour de la station.
D'autres projets, plus simple, d'un accord commercial entre Olympus et les dirigeants de la station, ouvrant un nouveau marché plus exclusif avaient également étaient avancés. Mais, ils furent également rejetés. Si Olympus se démarquait des autres corporations d'envergure galactique, c'est parce qu'elle faisait tout pour "jouer selon les règles". Toutes les réglementations respectées à la lettre et même prenant de l'avance sur certains point comme la sécurité, l'environnement ou les avantages des employés. Pas de pratiques financières mal considérées comme l'optimisation fiscale. Aucune forme de discriminations, aussi bien pour les espèces, les genres, les orientations en tous genres et les problèmes de santé divers. En voyant cette ligne de conduite, on pouvait comprendre pourquoi une idée de partenariat commercial avec ce qui était sensé être la capitale de la criminalité galactique avait été rapidement rejetée.
Attendant la réaction d'Elisabeth, Layla continuait à promener son regard ça et là sur la plage. Un groupe était parti faire de la plongée, grimpant sur une embarcation ne laissant pas de doute à leur future activités. Les enfants jouaient toujours et le jeune homme qui semblait être le frère de Gwenn avait plutôt l'air de bien s'en tirer dans son opération séduction auprès de la Quarienne. Ils n'étaient plus ensemble, mais la mine victorieuse qu'il affichait avant de repartir hors du champ de vue de Layla indiquait qu'il avait au moins eut droit à un numéro et peut-être un premier rencard. Cela faisait aussi depuis le début de sa tirade avec Elisabeth que l'Humaine sentit des doigts taquinant contre sa hanche. En toute discrétion, alors qu'elle semblait plongée dans sa lecture philosophique, Izira s'amusait en effet à glisser doucement ses doigts sur la peau de sa compagne, la taquinant à certains points précis du discours, comme pour lui dire de ne pas aller trop loin dans ses envolées. Sa manière aussi de dire qu'elle n'était pas aussi "absente" de la conversation qu'elle en avait l'air.